Récit du Dimanche : Paris, la nuit acte I !

Article : Récit du Dimanche : Paris, la nuit acte I !
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19 août 2016

Récit du Dimanche : Paris, la nuit acte I !

La nuit est silence. Son silence dort. 

Paris est blanc. Sa nuit est noire. 

Trois jeunes hommes, trois cols roulés noirs accompagnés d’une jeune maghrébine stagnaient. Ils étaient connectés, ils transmettaient en direct le moindre de leur mouvement sans jamais se déplacer. Deux jeunes demoiselles de teint noir, apprêtées et maquillées, en route vers la soirée de leur vie. Elles étaient imperméables à l’ambiance pesante et glauque, à l’odeur d’urine et d’alcool et aux dragueurs moches et éméchés.  Le contraire de cette demoiselle qui a peur de tout, du moindre regard aux pas vers elle, son visage a déjà porté plainte pour agression sexuelle.

Des corps errent dans le bus 

Des blagues meurent sans chute

Le vieil homme qui rentre du travail exténué, en sueur et qui rencontre les jeunes fêtards pré-pubères. Les alcoolos lourds qui tentent de draguer des femmes peu réceptives. Une rencontre qui finit souvent en insultes. Des insultes c’est ce que marmonne le sans domicile fixe affalé paisiblement dans le bus, son périmètre d’intimité, avec son odeur comme clôture. Très loin de celui qui a trop d’énergie, un « forceur » sobre, qui tente des acrobaties burlesques sans queue ni tête qui ne fait rire personne.

L’alcool a peur du silence;

Les cons aime défier son sens

Les lascars qui veulent faire du bruit, qui s’improvisent rappeur car la nuit ne juge pas, qui s’improvisent percussionnistes car le bus ne bouge pas, qui s’improvisent philosophes car l’alcool rend volubiles. Les lascars crient mais personne ne les écoute. Le public est loin d’être acquis à leur prose. Le public a des écouteurs dans les oreilles et des casques sur la tête. Le public est dans son monde, il ne réagirait même pas en cas de meurtre. Evadé.

On ne les entends pas quand les oiseaux chantent 

Ils se vengent quand les rats chuchotent. 

Le troisième âge en virée sur Paris, tourisme ou simple lubie; qui découvre le rap dans sa forme la plus vulgaire et qui ne peut que le définir comme le contraire de la quiétude. Un jeune homme louche, capuche sur la tête dans l’allée du noctilien, sort son carnet et se met à gribouiller contre la vitre à l’heure où le silence souffre d’insomnie.Il est bizarre. Il défie la norme nocturne. Tout le bus le regarde, bizarrement. Je me demande si la nuit aussi ?

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