djoharding

Récit du Dimanche : La Toile de Pénélope

Une joyeuse matinée ancrée dans un pays déprimé.

L’été offrait généreusement ses derniers rayons tel un baroud d’honneur, avant de laisser la place à la patinoire parisienne et son manteau de gadoue, avant que le soleil ne tronque son « trente-cinq heures » pour un emploi précaire dans tous les sens du terme. Ignoble loi de la saison.

L’été nous offrait ses derniers conseils. L’idéal était de porter le moins de vêtements possible pour éviter de fondre ou de se noyer dans sa propre transpiration à trois pas de son domicile. L’été nous offrait ses dernières heures de sensualité. Comment ne pas remarquer cette larme de sueur qui vient délicatement mouiller ce décolleté plongeant ? Ces courbes désinhibées, ces démarches envoûtantes, ô ces Pénélope des temps modernes…! Qu’il est difficile de marcher droit. Impossible d’en vouloir au crayon de Dieu, d’avoir ainsi dessiner la toile de fond.

Paris brûlait de mille feux. L’odeur des herbes fraîchement coupées donnait raison aux « vapoteurs écolos » que sont Calvin Cordozar Broadus Junior et Cameron Jibril Thomaz. La chaleur faisait briller tout sur son passage. Les pigeons se tâtaient avant de s’envoler comme s’ils ne souhaitaient pas réaliser des efforts vains, par peur de brûler en plein vol. Ils n’ont jamais autant marché, risquant parfois même de se faire piétiner. Les piétons étaient joyeux. Je fus l’un d’eux, joyeux jusqu’à ce que ma vie ne change inopinément, à jamais…

Pourtant ma journée avait excellemment débuté. Un réveil en douceur qui mettait fin à ma belle grasse matinée, un petit déjeuner copieux à l’américaine, une agréable douche tiède et une crème pour le corps légère et non grasse. Deux pschitts de déodorant dans chaque aisselle suivi de quelques gouttes d’eau de cologne. J’ornais, ensuite, mon corps d’un accoutrement digne du beau temps, ponctué par des lunettes de soleil adaptées à ma myopie. Je suis prêt!

Direction : Paris. Dès mon premier pas dans ma rue, je brillais humblement, au sens propre du mot. L’été embellit. L’été découvre ce que la pudeur a de plus « chair ». La musique dans les oreilles; la vie avait désormais un goût sucré, une saveur hollywoodienne. J’écoutais « Young, Wild and Free ».  J’étais concerné. J’étais radieux et même prêt à croquer la vie comme cette expression, au demeurant kitch. J’étais bien, « en mode », j’étais comme une onomatopée banlieusarde, j’étais frais et chaud.

Soudain. Tout à coup. Brusquement, l’humanité perdit son apôtre le plus fidèle. En marchant la tête haute, au rythme de la musique – dans ma rue, en allant vers le métro – je tombai dans un piège.

Mon visage s’engouffra dans une toile d’araignée sortie de nulle part. L’impact de mon faciès scintillant contre cette toile en soie est le résultat d’un attentat satanique. J’étais comme mort. Paralysé. Dépité. Ma tête me démangeait. Je me grattais avec vigueur comme pour me scalper la face. Je poussais des cris aigus d’écœurement. Eurk…Beurk…Tsaaark…Arrrrghhhh… ça colle. Je me tords, je me tortille dans tous les sens, j’essayais de retirer mon corps de moi comme une chemise sale. Je crache le noyau de la soucoupe volante invisible que je viens de gober. Je ne suis plus propre. Je suis en rage. Je veux faire la peau à cette bestiole de mauvais présage.

Pourquoi laisser dans le vent un fil sécrété à l’aide de glandes abdominales, pendre ainsi dans le vide ? Un fil tellement fin qu’il est invisible à l’œil myope. Quel est le monstre capable d’une telle horreur ? Pourquoi ? Pourquoi moi ? Ma journée était si belle. Mon visage, si propre. Dorénavant, je suis souillé, dévisagé, défiguré. J’ai eu un long moment de pensées suicidaires sous cette vulgaire boule de chaleur sèche et impétueuse.

Toutes ces robes, ces jupes, ces Pénélope qui m’attendaient et que je ne ravirai guère. Mon dimanche est gâché. La toile aussi. Ceci-dit, l’araignée aussi doit être enragée. Cette dernière a besoin de sa toile pour vivre, se nourrir, se protéger, se reproduire…comme moi j’ai besoin de flâner, de marcher, de séduire Pénélope pour me sentir en vie.

Je retourne dans mes pénates, prolonger ma grasse mat’. Elle tissera une nouvelle toile, une Toile de Pénélope.


Récit du Dimanche : La Foi

« En ces temps troubles, avoir la foi n’a jamais mieux porté son mal. »

Impuissant devant l’épaisseur de cette divine chose, la sagesse que dégageaient ses fragiles pages. Jadis, je les sentais au détriment de les lire, je les feuilletais au lieu de les comprendre. Ma Bible avait une odeur particulière, peut-être l’agrégat de tous les doigts embaumés de salives qui ont tourné ces quelques pages d’évangiles. Ma religion m’a naturellement été imposée comme à peu près tout, lorsqu’on est légalement incapable. Le catéchisme, la messe du dimanche, ma confirmation, les souvenirs que j’en garde n’ont rien à voir avec ma foi religieuse. Chaque dimanche, j’abhorrais l’heure de se lever pour aller à la messe du midi. Se laver, se saper et surtout rester debout pendant des heures.

Les quelque mètres de goudron à marcher jusqu’à l’église étaient un supplice. Elle se situait à proximité d’une pâtisserie, de vendeurs à la sauvette, de vendeuses de galettes, de biscuits, toutes sortes de mets qu’on n’était jamais censé déguster. En allant à la paroisse, se dressaient sur mon chemin les caniveaux au parfum nauséabond, les mendiants culs-de-jatte volubiles, une kyrielle de taximans guettant le moindre mouvement de main des piétons, je contemplais, les mains dans les poches, les détails de mon dimanche type. Une fois sur le gravier – à l’entrée de la messe – il fallait trouver une place sans trop se faire remarquer. Je ne voulais pas être trop proche de l’autel car mon attention n’était pas telle. Pas trop loin non plus, sinon ma prouesse vestimentaire aurait été vaine. Habituellement, j’opte pour une place à côté de mes camarades, ceux qui viennent ici comme moi, espérant assister à un miracle. Ce dernier étant qu’une jolie fille puisse s’asseoir à un souffle de moi. Telle était ma prière principale de mes dimanches. A dix ans, Jésus pour moi était celui qui donnait à manger à ceux qui en avaient déjà et multipliait le nombre de mendiants devant la paroisse.

Une fois, empreint de Culture, de Science, de Mathématiques, de Philosophie, de Films, je fus enfin capable de comprendre en quoi je crois. Jadis, avant de dormir je faisais mon signe de croix et je priais machinalement. Dorénavant, je dors sans même regarder le ciel. Le dimanche n’est plus un jour Saint mais une journée majorée à cent pour cent. Paradoxalement, cette personnalisation de la religion m’a rapproché de ma foi. J’ai remplacé la chance par la grâce de Dieu. Une substitution anodine qui a donné plus de sens à la vie.

La foi s’hérite, elle se transfère, elle s’impose, elle est innée, inexpliquée. Puis elle devient personnelle. Elle est ainsi. En ces temps troubles, avoir la foi n’a jamais mieux porté son mal. En cette époque troublée, avoir la foi est souvent un prétexte, un symbole factice pour justifier des actes débiles. La foi ne justifie aucune atrocité. La foi est saine et humble.

 


L’écrit vain (I)

« L’être me rendrait humain, sans ce titre, je ne serai qu’un auxiliaire. »

Je cherche mon nom d’écrivain. Il est nécessaire d’avoir un nom accrocheur, un nom fort, un nom qui sape le métier, qui englobe le talent, un nom qui forcera mon entrée dans les livres de Français et peut-être même d’Histoire. Je veux un nom sincère, un nom propre à ma passion d’écrire. Je veux un nom qui me dissocie de ma vie avant l’écriture, un nom qui n’appartient qu’à l’écriture, un nom écrit, un nom d’écrivain. Je ne sais pas comment choisir. Et si j’utilisais mon vrai nom ? Kevin Hannus. Je ne sais pas s’il conviendrait. Ce n’est peut-être pas si important. Qu’est-ce qu’un nom après tout ? Une vulgaire majuscule, c’est tout. Alors mon nom ne me définira point. Mon style le fera, mes histoires le feront, mieux, mon héritage littéraire s’en chargera…Une fois le problème du nom réglé, je peux commencer à écrire.

 

En fait, je ne me suis pas totalement convaincu. Il me faut un nom clinquant. « Je m’appelle Jean Baptist’, je suis écrivain. Je suis né à Paris… » Non, non et non. Nom de merde. Il me faut quelque chose de frais, de neuf, quelque chose d’excitant. En plus, Jean Baptiste me rappelle un personnage bizarre. Plus précisément, cet homme qui habitait dans la rue du château et qui avait comme lubie de se mettre à poil dans son appartement.  Lorsque j’allais visiter mon ami du même quartier, je le voyais souvent, se balader dans son salon et cela à cause d’une fenêtre beaucoup trop généreuse. Je ne connaissais pas son prénom mais il avait un corps à s’appeler Jean Baptist’.

 

Je connaissais un autre Jean Baptiste qui n’assumait pas son prénom.  Il tenait à ce qu’on l’appelle « JB comme le whisky », précisait-il à chaque nouvelle rencontre. Bizarrement, il n’est toujours pas devenu alcoolique. Il est chanteur, la nuance est belle. Donc Jean-Baptiste c’est un grand non. Je devrai pencher plus vers un prénom unique et non composé. Qu’est-ce qu’un prénom après tout ? Un futur sobriquet. Le prénom est éphémère. Il est purement administratif. Il n’a aucune nécessité sociale puisqu’en société, on nous octroie à tous des surnoms (Mamad pour Mamadou). D’ailleurs, les prénoms composés se décomposent pour satisfaire les férus de dissyllabes (Jean Charles devient JC).

 

Je recommence. « Salut, je suis Kevin, j’écris… » Cette phrase est… Vomitive. C’est une litote signifiant : « je n’écris pas pour la simple raison que mon nom prénom est Kevin ». Donc je ne choisirai pas Kevin, mon prénom ne respire pas l’encens littéraire. Il est certes brave mais grossier. Il n’est pas méchant mais inadéquat.

L’être me rendrait humain, sans ce titre, je ne serai qu’un auxiliaire […]

A suivre…


Mali dans mon lit

Je suis un homme de couleur

Vivant dans un pays où la couleur dominante est le blanc,
J’ai quitté un pays où le noir pense souvent que le blanc est l’antonyme du singe

Ensemble, on sait que la guerre a besoin de soin et la paix de sens.

J’ai peur que le sang des anciens n’ait servi à rien
Que des nouveaux bons à rien…

Au sein de cette guerre on ne l’est pas, contre qui on se bat ?
La terreur dans les Médias,

L’Islam en plein débat,

La démocratie et ses coup bas

Mon avis ?

J’en ai un grâce au pote d’un mec qui a plagié la thèse d’un prof normalien
Normalement, il est dit qu’il est noir et malien,

D’ailleurs, il connait la différence entre l’Azawad et le Nord Malien

Entre Sunnite et Chiite

Entre Colonisation et Françafrique
Entre le cœur de l’Afrique et la Centre-Afrique,

Je ne connais pas l’homme mais il tombe à pic !

Fallait-il aller en guerre ou pas au Mali ? Telle est donc la question !

Info ou intox ? Que sont donc nos motivations ?
Qui d’entre nous aide son prochain dans ce pays laïc ?

Crédule ou hypocrite
On veut que l’Etat soit plus que l’agrégat de notre bassesse individualiste.

Qui d’entre nous travaille sans paye ?
Quiproquo ou plutôt qui propose la paix ?

La guerre ou ne rien faire?

Mon opinion ne fait pas le poids face à l’Histoire

J’aurai voulu n’a pas sa place dans l’instant, et si : n’est pas !

Même si « être » aurait pu ne pas naître humain…

Hélas !

A l’aide, notre cri.

Ce cri a un prix, son prix est un crime,

Mon esprit divague…

L’aide appelle Intérêt,

Ce dernier ne connait pas de jugulation
La main invisible opère de nos jours par strangulation
C’est donc le prix à payer ?

Fallait-il aller en guerre ou pas au Mali ? Telle est donc la question !
Pourquoi le Mali est en guerre ? Jadis et Naguère en est la raison !